Chutes de Bản Giốc

Joli coin, mais décevant. On appliquerait volontiers la maxime « l’enfer, c’est les autres ». Le site est trop fréquenté. C’est un peu le cirque, la foule fait spectacle.

Rien à dire sur la beauté du site. C’est la période des basses eaux, donc c’est moins spectaculaire que sur certaines photos. Mais la présence humaine gâche le décor. J’essaye de faire fonctionner mon cerveau sur le mode asiatique, donc okay pour les selfies, entendu pour les âgés qui passent devant moi, pardonnné les nombreux déchets laissés par terre au lieu d’être déposés dans les poubelles…
Mais si je fonctionne en mode européen : ces gens sont moches, malpropres, habillés bling-bling, manquent de retenue et ne pensent qu’à leur trombines, la nature n’étant qu’en second plan.

Je décline poliment l’invitation du guide pour emprunter les barques spéciales qui permettent de s’approcher des chutes d’eau au plus près. Pas d’intérêt. Et pas l’envie de participer plein pot à ce petit parc d’attractions.

Ce poney qu’un vieux monsieur propose de monter pour photographier ensuite « cheval » et cavalier… ce poney a un grillage bricolé de fils de fer (non barbelé, encore heureux) posé sur sa bouche pour qu’on ne vienne pas lui donner à manger…

Ce groupe de touristes en « áo dài » jaune et rouge (couleurs du drapeau vietnamien) devant la partie vietnamienne des chutes… Ici, le nationalisme tend à s’exprimer obstensiblement. Long m’explique que les dirigeants Việt ont été faibles et ont laissé la partie nord des chutes à la Chine. La plus belle partie des chutes, celle qu’on montre sur les photos, est en fait chinoise. La partie vietnamienne est au sud, moins belle et moins fournie en eau.

La Chine est coutumière du déplacement des frontières. Pendant l’occupation française et l’établissement des tracés, les colons ont souvent constaté le déplacement des bornes délimitrices. Forcément, quand il y a une mine à exploiter, on évite de le dire et on s’arrange pour qu’elle devienne subrepticement chinoise.

Toute la région nord doit vivre avec la présence du « Grand Frère » voisin. Impérialisme économique, mais aussi puissance militaire… Mille ans de soumission à la Chine depuis le début de notre ère, puis les Việt ont gagné leur indépendance. Mais la volonté de domination du voisin n’a jamais cessé et les incidents frontaliers restent contemporains. Guerres sino-vietnamiennes de 1979, de 1984… La route du bonheur a été bombardée, les territoires Việt temporairement envahis.
Mon guide doit emprunter mon passeport pour photocopie et déclaration auprès des autorités locales vietnamiennes. Ici est un lieu sensible.

J’arrive à faire quelques photographies vierges de tout touriste. Le site est à visiter pour sa beauté, il faut faire abstraction du manège humain qui s’y déroule. Les seuls gens dignes ici sont les très modestes Tày qui s’occupent de la propreté du lieu.

Un joli coin qu’un paysan a valorisé, passer sur le pont est payant.

Rue de souvenirs made in China (même les vêtements « ethniques »).

Le personnel est d’ethnie Tày, les touristes essentiellement vietnamiens.

Ouf, les gens ont dégagé la vue.

Mouches qui se déguisent en abeilles ?