Le champs de tombes est bien visible depuis l’avion lorsqu’on atterrit à Phú Bài, pour peu qu’on soit du côté droit des appareils.
Au sol et sur la route, l’on y arrive par la route direction sud, un tour à gauche un peu après le même aéroport. La route traverse diverses rizières, rivières ou lagunes (dont une importante). Les paysans sont affairés à leurs activités. L’une fait par exemple sécher des denrées (riz ?) à même l’asphalte de la route. Le soleil n’est pas haut mais ça chauffe déjà beau. On regrette l’absence de nuage.
L’arrivée au village se fait via un portique. Le chauffeur gare sa voiture, et je descends pour la visite.
Ce qui choque au début est l’immensité des constructions. Les tombes sont une taille comparable à des maisons et sont richement décorées. Plus c’est gros, plus c’est travaillé, mieux c’est. On voit que l’argent a afflué ici. Mais cela n’est pas fait pour les vivants. Tout ceci est pour les ancêtres.
Un nombre certain des anciens habitants du village ont fuit la guerre et le communisme, par différents moyens, dont le départ sur les embarcations de fortune, sur des esquifs pas si différents de ceux qu’aujourd’hui en Europe et Méditerranée, on regarde avec honte.
Loin de leur pays natal, ces gens ont prospéré et en retour, leurs ancêtres restés dans le sol sableux prospèrent.
Cet afflux d’argent a changé l’activité principale du village. On doit toujours cultiver ou pécher, mais beaucoup gagnent leur vie avec la construction et rénovation des tombes. Le travail reste dur. Quand ce n’est pas le soleil accablant et la chaleur étouffante, ce sont les tempêtes et les innondations.
Très désorienté au début, je me perds dans ce champ immense. La géolocalisation fonctionne, mais je me repère au bruit des vagues. La plage n’est pas loin. Il ne semble pas y avoir de vrai chemin. Je dois marcher souvent dans le sable brûlant. Très possible qu’il y avait un défunt sans descendance dessous. Par prudence, je passe sur les murets délimitant les parcelles. Je sue abondamment, ma chemise sera trempée. Bouteille d’eau obligatoire. Je croise plusieurs fois des ouvriers. Détail que j’avais remarqué, de la vaisselle cassée ça et là. Les morceaux sont en fait collés aux sculptures façon mosaïque pour donner la couleur. Mais d’autres méthodes sont possibles.
Arrivée sur la plage, avec vue sur la mer de l’Est (il ne faut pas dire « mer de Chine méridionnale », c’est une grosse erreur des cartographes occidentaux, devenue source de litiges). La Sainte Vierge et Bouddha font face à la mer, façon de protéger le village contre l’élément aqueux.
Retour à la voiture, pause de 10 minutes pour essayer de sécher ma chemise ouverte. Par respect pour les morts, il faut avoir pantalon (jambes couvertes) et chemise ou tshirt cachant les épaules. Tongues et chapeau sont permis et presque obligatoires. Prochaine activité lucrative ici : la vente de boissons fraîches.