Du côté de Thủy Diện

Rendez-vous devant l’hôtel The Times pour un petit tour du côté de la lagune, vers Phú An, au nord-ouest de Huế.
Nous ne sommes que 3 dans le van ; Cha, Thu et ma pomme. Un chauffeur et un guide. Cela va donc discuter en vietnamien tout du long. Je reste en arrière plan, essayant de comprendre. Le langage commence à rentrer, il est facile de repérer certains mots lors des discussions simples.
Parlant sa langue native, le guide donnera une foule de renseignements pendant le tour. Cha me traduisant les parties les plus intéressantes.

Sortie de Huế par une grande avenue, puis petite route avec rizières. Une multitude de tombes apparaissent autour de la route, en général un peu surélevées par rapport au reste du décor, toujours bien entretenues. Les morts sont nombreux ici, et les familles conservent les tombes ad vitam eternam. Les habitations des vivants, en dur, sont bien moins conservées. Le van traverse une série de hameaux. A l’origine, c’était des maisons de paille, feuilles et bambous. Le gouvernement a décidé de regrouper la population dans ces petits villages en dur. A notre gauche, des viviers à poissons et à crustacés, encore rattachés au chemin en terre/béton. Plus loin, dans la lagune, restent quelques maisons en bambous et tôle, sur pilotis.
Un autel pour honorer les premiers arrivants des lieux se trouve sur le chemin.

Arrêt, et changement de véhicule : barque à moteur. Petit moteur, de taille similaire à celui d’une tondeuse à gazon, long cylindre de transmission et petit hélice au bout. Le tout est portable et manipulable. Le fond de la coque est métallique, bord et plancher en bois. Un toit peut être monté, mais l’option gâche le paysage.

Une averse débute un peu après que nous partons. L’on va se réfugier dans un restaurant sur pilotis de bambous, le temps que cela se termine. Attente avec vue sur paysage hors du commun. Vue magnifique et en même temps pleine de tristesse. Les parcelles de viviers à poissons, crevettes et crabes sont délimitées par des piquets de bambous, des filets accrochés à ces piquets forment des murs. Chaque parcelle a un abri surélevé pour un habitant qui peut surveiller son trésor. On ne peut pas marquer les poissons au fer rouge ou à la peinture. Il faut donc être vigilant pour ne pas voir son travail volé. Parfois, après qu’une parcelle ait été récoltée, un mur-filet est relevé pour que la zone se repeuple depuis les voies d’eau libre.

Explications du guide. Des ouvriers travaillent sur la remise en état de cet établissement sur l’eau pour la pleine saison. Car la zone est entièrement détruite lors des passages des typhons. La tempête rase tout, y compris les vies humaines. Les murs-filets et abris sont envolés, les piquets déplacés, le contenu de protéines perdu. Les gens sont très pauvres ici, les pourboires toujours bienvenus (même si la tendance des messieurs est d’aller se murger).

C’était aussi une zone de guerre ici. Des milliers de gens sont morts – ici et ailleurs – sans descendance pour honorer leur mémoire et leurs tombes. Les vivants se partagent donc la lourde charge qui reviendrait en principe aux enfants des défunts.

Vivre sur l’eau est plus pratique ici, car la terre doit être allouée en priorité pour les tombes. Le foncier est compliqué : l’on enterre sur les terres familiales. Ce n’est pas la coutume de regrouper en cimetière. Et si l’on veut construire une maison, la terre en dessous doit être préventivement fouillée. Si un cadavre est découvert, il peut être déplacé, mais la terre autour doit l’être aussi. Une terre nouvelle et vierge doit être apportée. Si la terre autour du mort est réutilisée, alors ce sera bad luck et mauvais esprit.

Plusieurs autels sur l’eau, pour espérer une bonne pèche et la clémence de la météo. Le restaurant et l’activité touristique apportent un plus. L’on nous fera plus tard une démonstration avec nasse, et même petit filet de pêche (fil blanc, petits lests en plomb, flotteurs de petites billes blanches). La promenade en barque sera courte ; une grosse boucle, en passant par une sorte de route aquatique, au fond plus bas que celui des parcelles (où l’on a presque pied).

Retour en ville. L’excursion a été très intéressante. Le « paysage » est magnifique, même par temps maussade.

Direction nord-ouest vers les lagunes.
Cimetières entre rizières et habitations

Des portiques de bienvenue sont en construction. Passage bloqué pour quelques minutes, le temps de déplacer l’échafaudage de fortune.
On arrive aux élevage de poissons, crevettes, crabes…

La 4G arrose aussi ici, malgré la pauvreté.
Habitations de quelques pécheurs

Flaubert et iBidules en sacs étanches, et on embarque à côté de Cha.
La pluie arrive.
Le restaurant sur pilotis va nous servir d’abri, le temps que l’averse passe.
Au loin, les parcelles d’élevage de poissons, crevettes, crabes…
Tout repose sur les bambous.
Et on repart.
Chaque pécheur surveille sa parcelle dans son abri.

Ceci est un autel.
Un peu de soleil
Un de ces abris. La surveillance doit être un peu ennuyeuse, mais le temps doit passer vite avec un téléphone mobile étanche.
Le bambou est la base des constructions, des piquets pour délimiter les parcelles…
Ça pousse dans les terres, mais ça tient bien dans l’eau.
Neptune a laissé son ustensile.
Le système de propulsion : bambou ou moteur-hélice mobile
Démonstration avec la nasse

Démonstration au filet
Les tombes-temples sont à entretenir autant que les habitations.