A la recherche du goût perdu

C’est l’heure du dîner : sortie dans la vieille ville pour essayer de trouver quelque chose de correct et qui fait envie. Je tente le même café-glacier qu’hier, qui fait aussi restaurant, mais la demoiselle m’ignore. Elle fait la gueule. Je suis transparent. On ira ailleurs. Le match semble fini, mais ce n’est pas la liesse générale. Plein de drapeaux sur les tshirts, capes, bandanas, auto-collants sur les visages… Et aussi des djeunz locaux qui déboulent en meute dans les rues piétonnes en scooter, façon baroud d’honneur. Dommage.

Les odeurs de grillades sur les berges sont répulsives. Je déambule longtemps avant de retrouver la rue de l’ancêtre, et tout au bout, la sorte de cantine : une tablée pour une cuisinière. On m’invite, je me regarde la carte et accepte.

Ce sera un smoothie banane (bien épais et parfumé, pas le jus de chaussette qu’on a en Europe), un Bánh vạc (ravioles avec farce au porc ou crustacé ?) et un Tôm rang me (crevette grillées avec sauce au tamarin). Un pur régal. Je baragouine un vietnamien : « ngon lắm », « ngon qúa », « cám ơn »…

Et je comprends maintenant l’expression « je sais faire la cuisine » que dit une demoiselle quand elle veut épouser un gars. Il y a quelques jours, en plus d’être gêné que des jeunes filles rigolent en regardant ma tronche de cake, Cha m’avait traduit cette expression et j’en étais outré. On est en 2018, la phallocratie, c’est total dépassé : ce n’est pas le rôle d’une femme d’être en cuisine.
Sauf que la bouffe peut-être si bonne que c’est en limite sexuel. Genre proposition indécente.

Je règle avec un pourboire de 10K, et promets de revenir le lendemain.

Autel pour un occidental, Monsieur est polonais et a travaillé sur la restauration du site de Mỹ Sơn.

coucou l’ancêtre !
Bientôt du papier biodégradable et de la cire comestible ?