Tôi học tiếng Việt

On retente. Ce n’est pas dit qu’on y arrivera parfaitement un jour, mais ça pourrait être utile. Les guides seront anglophones, voire francophones, mais peut-être pas la marchande ou la cuisinière de rue. Et puis c’est plus poli de saluer et remercier dans la langue locale.

Question utilité, d’ailleurs, apprendre la langue paternelle n’a jamais été une injonction. La famille avait émigré du pays sans espoir de retourner au Vietnam un jour. Lors des réunions à Montpellier, on pouvait entendre français et anglais dans le salon, la plupart du temps avec Ông nội (Papy de Saïgon), et de la palabre assez musicale mais incompréhensible côté cuisine, là où Bà nội (Mamy de Saïgon) rassemblait ses enfants.
Du coup, mes impressions sur cette langue ont été assez négatives : c’est resté synonyme de commérages et conciliabules sournois. Quand quelque chose devait rester secret, ça causait en vietnamien.

Etre métis n’est pas facile : on a toujours le derrière posé entre deux chaises. L’intellect doit jongler avec les deux cultures, deux modes de pensée. C’est fatiguant et assez casse-gueule si on n’y prend pas garde. Heureusement pour ma pomme et celle du frangin, c’était le mode français qui prévalait : langue maternelle et du pays de naissance. Mais après coup, quelques épisodes – certains anodins, d’autres tragiques – peuvent être relus différemment : on repasse le film des événements, on active les neurones miroirs avec le mode de pensée vietnamienne. Et là, ça prend du sens.
D’où l’importance du langage : ça formate le mode de pensée. Et le gloubiboulga de données qu’on thésaurise au cours de la vie, et qu’on nomme Culture (avec un gros Q), aide à appréhender l’altérité, c’est-à-dire à varier le mode de la-dite pensée.
Donc, concrètement, pour en revenir à l’image du début, plus étendue est la culture, meilleure est l’assise.

Je dit « on retente », car j’ai tenté il y a 20 ans, avec la copine du Beauf (coucou Sweetie). Seulement, j’avais encore les études à finir, c’était le dimanche, très scolaire, dans une classe d’une trentaine de mioches… On a vite abandonné.

Restait un petit cahier rouge, et un petit Assimil de poche acheté pour l’occasion (sur la photo), qui me sert à nouveau. Cet été, l’ouvrage a été potassé pendant quelque soirées et surtout beaucoup de débuts d’après-midis, pendant l’heure de bronzage qui suivait l’heure de free-style à la Piscine du Rhône. Mais comme j’ai une mémoire de poisson rouge…
Il y a aussi des applications sur smartphone : Vietnamese de Lingopedia (assez ludique), le Google Translate (dictionnaire Vietnamien-Français, bon pour l’écrit, mais la saisie vocale est affreuse), 50 languages (qui existe en mp3, pratique en podcast)…

Du coup, sur une suggestion heureuse du pater ; inscription aux cours de langue au Club Rhône Mékong, niveau débutant. La classe est peu nombreuse donc chacun a le temps de parler, jeunes adultes jusqu’au troisième âge. J’y prend goût, même si je me tape la honte à la prononciation (même en français, il y a des journées sans parole). Des muscles de la gorge et de la bouche dont on ne soupçonnerait pas l’existence doivent être sollicités. On va conserver le côté ludique et rester curieux, sans être forcé, c’est la meilleure façon de continuer et progresser – en tout cas pour ma pomme.
Le sens est aussi encodé dans les tonalités (on devrait dire tonèmes, plutôt que accents), d’où l’aspect assez musical. Et puis il y a la prononciation du Nord, du Sud, et du Centre… Heureusement que l’écriture a été latinisée, sinon cela n’aurait pas été possible. Et dire que les ancêtres passaient tous le concours du mandarinat, je dois passer pour un cancre (once more, shame on me).

A noter que la trousse scolaire « Air France » doit dater du lycée, soit presque une trentaine d’année.

Malgré l’affection que je porte au petit Assimil, ses illustrations « humoristiques » sont trop datées et relèvent du cliché. L’image de couverture est limite raciste. J’emporterai donc à la place un Harrap’s tout neuf, plus complet en vocabulaire et en formules, mais moins scolaire.