Direction ouest puis nord-ouest. La route sera petite et sinueuse de Ba Bể jusqu’à la route nationnale QL3, plus large, parfois neuve, et plus fréquentée. Mais tout aussi paysanne : même les gros camions doivent ralentir voire stopper devant les vaches ou buffles en balade.
Nous sommes censés passer le col Gió du côté de Ngân Sơn, mais les nuages sont assez bas et l’on circulera même dedans. Pas de grande scène magnifique, mais j’ai déjà eu mon compte avec les jours précédents. Un arrêt pour faire le plein de la voiture, avec des toilettes assez trash (mieux vaut aller du côté Nữ, et même là, ce sont des toilettes à la turque).
Le décor sera celui habituel, entre champs de maïs, rizières, cultures maraîchères, et surprise ; du tabac. La Chine à côté importe cette production pour la fabrication de cigarettes.
Les hauteurs font une pause lorsqu’on passe dans la banlieue de Cao Bằng, et les montagnes reprennent place ensuite. Mais elles sont différentes par rapport au sud de cette ville. Au nord, c’est avec joie qu’on retrouve les pitons calcaires déjà vus au niveau de Đồng Văn. Même calcaire, mais à une altitude moindre. Si j’avais visité plus à l’est, jusqu’à la mer, je les aurai retrouvé les pieds dans l’eau dans la baie de Hạ Long.
La « pente » est dûe à la lointaine collision tectonique entre la plaque indienne et eurasienne. Les hauteurs de la chaine himalayenne se prolongent au Yunnan jusqu’au Haut Tonkin.
La même tectonique a désolidarisé la plaque indochinoise de la plaque sud-chinoise. La faille se situe pile au niveau du Fleuve Rouge, qui est presque droit entre Lào Cai et Yên Bái, et est transversale. L’indochine-Sunda glisse vers le sud-est par rapport à la Chine. Huế devait se trouver à la hauteur de Hà Nội il y a des millions d’années. Accessoirement – et il ne faut pas le dire trop haut – nous circulons sur la plaque sud-chinoise.
Longtemps avant que la plaque indienne percute l’Asie, avant que le Gondwana se morcelle jusqu’à son coeur, les plaques sud-chinoise et indochinoise ont probablement dansé ensemble, jointes dans l’océan paléothéthys. La majeure partie de ces terranes était submergée, les dépôts sédimentaires lors du paléozoïque (roches rouges, gris et blancs, devenues schistes et calcaires) sont très importants en épaisseur et sans véritable stress. Pas de plissement/retournement comme on le trouve dans les Alpes.
Heu… où-en étais-je ? Ah oui, on stoppe enfin pour un arrêt déjeuner.