Petit déjeuner très tôt, avec les assiettes habituelles de fruits et salades, à l’ouverture du service de l’hôtel, puis quelques minutes d’attente dans le lobby.
Une demoiselle vient me chercher, et au lieu du petit bus, c’est un scooter qu’il faut enjamber. En fait le bus en question ne peut pas faire sens inverse dans la rue de l’hôtel, et l’agence que Cha a démarché s’organise pour regrouper toutes les personnes.
J’attends juste une ou deux minutes, le petit bus arrive, avec Cha et Thu, ainsi que d’autres touristes. Une vingtaine de places. Chauffeur et guide. Pour des visiteurs, mais aussi des voyageurs ; le bus fait aussi taxi et transporte des touristes tendance routards.
Le voyage sera long (4h aller, 4h retour) mais restera agréable. Direction nord. Cha m’explique la mentalité locale, et souligne le nombre d’autels devant les maisons (et même à l’étage). Le wifi mobile permet de connecter Cha et Thu à leurs correspondants internet.
Un arrêt sur le site de La Vang, lieu d’apparition de la Vierge Marie. Des catholiques persécutés à la fin du 18ième siècle ont trouvé refuge dans les bois qui existaient là. Affamés et souffrants, la Vierge leur est apparue là. C’est devenu une Lourdes locale, et les fidèles ont prévu les choses en grand : hôtel pour pèlerins, espace immense pour accueillir les foules. L’ancienne église a été bombardée pendant la dernière guerre, et l’on construit une immense « basilique » au toit bleu (couleur non commune ici, mais c’est la couleur du divin en Europe).
On arrive à hauteur de Quảng Trị, puis le bus va longer une curiosité géologique. Sur les cartes satellites, c’est blanc. En fait, il s’agit de sable. Des hautes dunes de sable blanc apporté par la mer et par le vent, sur une largeur de 2 à 3 Km. Plus de rizière ni de maison. On ne trouve que des petits conifères sur ce sol pauvre. Quelques mares voire petits lacs où l’on essaye d’élever des poissons ou crevettes.
Nous tournons à gauche aux environs de Đồng Hới, direction le parc national au nord-ouest. Le paysage redevient familier : rizières, cultures maraîchères… On s’approche des montagnes à l’ouest, puis finalement, sur une montagne, inscrit comme à Hollywood, le nom « Phong Nha-Kẻ Bàng » s’impose au regard.
Déjeuner dans un complexe touristique. Les toilettes sont particulièrement propres. Puis balade en sampan bleu, métallique et couvert (la toiture est escamotable) pour naviguer même en temps de pluie. 12 passagers et 2 naviguants. Le moteur est bruyant. Gilets de sauvetage. Flaubert est quand même enrobé dans ses sacs étanches, on ne sait jamais.
La balade est au début un peu ennuyeuse. Cultures de légumes sur les berges, habitations, viviers de poissons, vaches. Un cimetière chrétien, une église… c’est au bout que ça devient intéressant. Contrairement à ce que l’on pense, au lieu de tourner à droite avec le cours normal, la barque tourne à gauche. La grotte Sơn Đoòng apparaît. Elle est immense, longue, et remplie d’eau à moitié.
Le toit est retiré pour admirer la vue au dessus, le moteur éteint, et le personnel de bord utilise les rames, à la proue et à la poupe. Tranquille. Humide. Silence à part le bruit des souquées. L’éclairage est savant, tout est étudié pour le confort des visiteurs.
On rebrousse chemin, et l’on débarque à mi-parcours pour terminer la visite à pied. Stalactites et stalagmites immenses et isolées. De l’eau suinte à travers des failles d’une roche dure et grise. Le calcaire du dessus de la montagne se redépose en couleurs blanches et jaunes dans cette grotte. Du sable est posé pour faciliter la marche.
L’on rembarque à la sortie. Diverses vendeuses de boissons et souvenirs invitent à venir acheter chez elles.
Petit pataquès, Cha et Thu ont prévu un pourboire pour la dame qui souquait à la proue. Par souci d’équité, je prévois la même chose pour son collègue à la proue. A peine mon billet dans la main du destinataire, la dame se précipite et vient récupérer le billet. Le fin mot de l’histoire, c’est la dame qui gère l’argent, et son mari risque de le dépenser dans des clopes ou jeux d’argents.
Elle loue le bâteau à un propriétaire. Donc elle ne reçoit qu’une partie des bénéfices. 400 barques se trouvent sur le site. Les locaux se répartissent l’afflux de touristes, chacun son tour, et les pourboires sont plus que bienvenus. L’activité permet de sortir de la pauvreté les habitants d’ici.
Retour sans histoires, mais avec détours, le bus récupérera des routards allant vers Huế.